L'Orchestre Classique de Montréal et l'Ensemble Caprice m'ont demandé d'écrire une nouvelle œuvre pour un programme consacré à la musique de Händel. Cela m'a bien sûr amené à contempler la musique des temps passés. Qu'est-ce qui fait d'une œuvre un reflet distinct de son époque ? Au début du XVIIIe siècle, la musique utilisait beaucoup les formes de la danse et était souvent créée pour divertir les "privilégiés" de la société. En quoi sommes-nous différents des gens du XVIIIe siècle ? Dans une conception non musicale de l'époque de la Renaissance, Nostradamus se fixait dans un miroir couvert de fumée pour voir l'avenir. Dans un sens métaphorique, j'ai essayé de faire l'inverse : me regarder dans le miroir de notre époque pour regarder le passé. Les développements socio-économiques des deux cents dernières années ont en effet considérablement élargi non seulement le cercle des auditeurs de musique, mais aussi, comme l'a montré la récente pandémie, la participation massive de toute la société aux conversations dominantes de l'époque. Le Concerto Antico est composé de cinq courts mouvements qui commencent ici et maintenant, reviennent au style du XVIIIe siècle et se dirigent progressivement vers le futur. La musique se termine là où elle a commencé, mais elle est transformée. L'histoire peut se répéter, mais nous, en tant que public, touchés par nos expériences communes, avons changé.

Cette composition est dédiée à la mémoire du Maestro Boris Brott.